Sélection pour le Prix Follain 2021
Depuis plusieurs semaines, les organisateurs du Prix Follain lisent et sélectionnent les ouvrages de prose poétique qu'ils ont repérés ou reçus des éditeurs.
Comme à chaque fois, ce sont de formidables découvertes littéraires, où l'émotion et la poésie se rejoignent.
Voici donc la sélection finale qui sera proposée au jury...
Si les conditions sanitaires le permettent, le jury se réunira au printemps, sous la présidence de l'écrivain Jean-Pierre Cannet.
A force d'en découdre |
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Une chose pour quoi je suis né : |
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Cinq lèvres couchées noires |
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Et qui hante
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Intervalles de Loire |
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Mais il y a la mer |
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Pointillés |
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Rue de mercure |
Jean-Pierre Cannet, auteur de poésies, de romans, de nouvelles et de théâtre sera le président du jury du prochain Prix Follain qui sera décerné le 17 avril 2021.
Une poésie universelle se dégage de l’ensemble de son œuvre qui évoque le monde moderne et ses blessures –guerre, pauvreté, déracinements, terrorisme.
Depuis plusieurs années, Jean-Pierre Cannet participe à des résidences d’écrivain et anime des ateliers d’écriture avec les habitants de ses lieux de résidence.
Il apprécie particulièrement les temps de rencontres et de sensibilisation à la littérature contemporaine avec le public. En 2019 et 2020 Il a animé des ateliers d’écriture à
Agneaux et Saint-Lô qui ont eu un grand succès auprès des participants.
Son dernier roman « La belle étreinte » nous raconte l’histoire de Nataf et Muguette, des jumeaux de Nanterre dont les parents semblent sortis d’un conte
merveilleux malgré les conditions de vie difficiles de leur quartier : Sur fond de guerre d'Algérie et d'appel de l'abbé Pierre, l'épopée de la famille de Muguette, de la rencontre amoureuse
de ses parents à sa naissance ainsi qu'à celle de son frère jumeau, du bidonville puis aux HLM de Nanterre.
Des personnages emblématiques gravitent autour de la famille tels que Paco, un anarchiste espagnol amoureux des grues et Youssef, qui réécrit inlassablement
la même lettre. Le texte qui puise dans un imaginaire facétieux nous offre une galerie de personnages attachants et sensibles.
« Les immeubles sont comme des armoires et chaque étage est un tiroir. Dedans, il y a des tas de gens avec des tas de fringues, avec beaucoup de sueur et la ronde
effrénée d’espoirs hirsutes ou de résignations. Il faut donner à manger à la vie et pour ne jamais risquer de la désespérer, il faut lui raconter des histoires. La vie aime bien les histoires.
Il faut du vrai aussi, on ne tartine pas son pain avec de la poussière d’étoiles, c’est toute l’histoire des gens d’ici... »
Prix Jean Follain 2018 : Le présent des bêtes d’Albertine Benedetto aux éditions Al Manar
Le livre est composé de courts textes ciselés par une mémoire attentive et douce.
Dans une ambiance paisible passent des silhouettes et puis des bêtes, mais les apparences sont trompeuses car la violence n’est jamais très loin :
« Le paysage docile prend un air d’enluminure : bottes de foin roulées et disposées en lignes, taches noires ou fauves des vaches arrêtées à l’exacte limite
du vert des sapins, nuancier des parcelles de chaume aux éteules bien tracées… Tout un bestiaire nous a accompagnés, symboles très humbles de la vie
intense de ces terres. Jusqu’au mystère de la fin dans ce renard dont la belle queue traîne au bord de la route. »
Prix Jean Follain 2016 : Farigoule Bastard de Benoît Vincent aux éditions Le Nouvel Attila
C’est l’histoire un peu déjantée d’un berger qui reçoit une invitation pour se rendre à une exposition d’art à Paris.
En compagnie de sa mule il part à travers la montagne.
La ligne droite n’est pas sa méthode : lui, ce serait plutôt les zig-zags qui lui plaisent, dans les paysages comme dans les mots…
« La route est chaude et le vent est chaud, frappe et retourne la vareuse aigrie. Il marche oblique, entre la voûte où il scrute des étoiles filantes,
et ses pieds pour éviter les nids-de-poule. Le vent apaise, éveille, réveille. La peau frémit.»
Prix Jean Follain 2014 : Et s’il ne parlait pas d’Amandine Marembert aux éditions Les Arêtes
Avec des mots tendres, par petites touches, une mère nous raconte la vie de son enfant qui ne parle pas.
Que d’inquiétude pour le petit garçon … mais aussi que de beauté dans ce texte qui relie la poétesse à son petit.
« Parle-t-il
oui un peu
non pas vraiment
il vous écoutera
répétera peut-être un de vos mots ou plusieurs
il chantonnera
mais il ne vous posera aucune question
les réponses peuvent exister toutes seules »
« Il met son bras autour de mon cou
s’embrasse dans le miroir
pose sa langue sur la joue de la poupée
et si parler une langue
c’était savoir un peu embrasser les mots »